Autoportrait, 1929, musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg
Georges KARS (TCHÉKOSLOVAQUIE) 1880 – Genève (SUISSE) 1945 Jiri Karpeles dit Georges Kars est né le 2 mai 1880 à Krapuly dans les environs de Prague, où ses parents, d’origine allemande, et prospères négociants en grains, s’étaient établis. Enfant, il dessine sur ses cahiers de classe, fréquente à la sortie de l’école une galerie de tableaux tenue par un certain Lheman. Sa famille bourgeoise voit d'abord d'un mauvais oeil cet attrait pour l'art mais finit par céder aux ambitions de leur fils. Il suit des cours de peinture chez un jeune peintre avant de partir pour Munich en 1899 où il étudie à l'Académie d'Art avec Franz von Stuck tout en suivant des cours d'histoire de l'art à l'université pendant deux ans. Il se lie d’amitié avec Pascin et Paul Klee. Il découvre l'art des Allemands Liebermann et Slevogt ainsi que des Français Manet, Renoir, Van Gogh et Cézanne , tous bien représentés à la Staatsgalerie de Munich. Après une année à Prague, il part en 1906 visiter l'Espagne où il copie les maîtres Velasquez et Goya.
Entre 1905 et 1907, il passe par Prague puis s’installe à Madrid où il rencontre Juan Gris et s’imprègne de la peinture de Velázquez et de Goya. En 1908, après un séjour à Prague, Kars arrive à Paris, s’installe à Montmartre, où il fait la connaissance de Suzanne Valadon, Maurice Utrillo, et retrouve Pascin. Il fait la connaissance de Marc Chagall, Guillaume Apollinaire, Juan Gris, Max Jacob, le critique d’art Maurice Raynal et le peintre grec Demetrios Galanis. Pendant la Première Guerre mondiale, il est en Belgique avec Pascin.
Kars, Portrait de Maurice Utrillo
Crayon sur papier,
41 x 29 cm,
Signé en bas à gauche Kars et daté en bas à droite 29 juin 1925
Retranscription de la préface de Valadon publiée dans le catalogue de l'exposition Kars à la Galerie B.Weill, Comoedia, 6 février 1931, p.3.
Kars, Suzanne Valadon sur son lit de mort, dessin à la mine de plomb, 1938; 25 x 41 cm, Musée national d'art moderne, avec l'inscription :
"Ma chère Valadon. C'est le premier et hélas le dernier dessin que j'ai fait d'après
vous. J'espère que vous ne me refuseriez pas la permission de l'avoir entrepris. Pardonnez moi toujours si je ne l'ai pas mieux réussi, mais l'émotion étreint trop mon coeur, le jour que vous nous avez quittés pour toujours.
En vous regardant pour la dernière fois, quelle tâche de refouler toute ma tristesse d'avoir perdue l'amie et de faire ce portrait ultime du maître du dessin que vous étiez. Soyez pas trop sévère. Merci toujours, grande et chère amie, et adieu. Le 7 avril 1938, entre 6 - 7 1/2 de l'après-midi"
En 1923, il passe l’été avec André Utter, Maurice Utrillo et Suzanne Valadon au château de Ségalas, dans les Basses-Pyrénées. Outre une analogie évidente entre Kars et Valadon (une palette chromatique très proche, et un usage du cerne commun), les deux artistes deviendront très amis. Le jour de la mort de la peintre, en venant la veiller, il réalise un portrait à la mine de plomb qu'il annote d'une inscription tendre et respectueuse, révélatrice de l'admiration qu'il lui portait.
Depuis 1909, il expose régulièrement au Salon d’Automne, depuis 1913 au Salon des Indépendants, depuis 1923 au Salon des Tuileries. En 1931, il bénéficie d'une exposition particulière à la Galerie B.Weill, et ne manque ensuite aucune des expositions à thème de fin d'année qui s'y tiennent. Il est présenté à la Royal Gallery à Londres, à l’Exposition d’Art Contemporain à Tokyo, lors d’expositions à Berlin, Vienne, Genève, Amsterdam, Prague et au Carnegie à Pittsburgh. Kars est représenté dans les musées de Grenoble, Prague, Vienne, Cologne, Stettin, Hambourg, Wiesbaden, Elberfeld, Hanovre et compte dans les collections prescriptrices de la période comme celle de l'ancien maire de Chicago, Carter Harrison, du marchand Adolf Basler ou encore du journaliste André Warnod.
Artiste sensible, attaché au dessin, il restera fidèle à son style durant toute sa carrière. Il expliquait : « L’art ne réside pas dans une technique élaborée mais dans l’âme. ». En 1933, Kars achète une maison à Tossa de Mar en Catalogne, où il passe trois années. De retour à Paris, il s’installe rue Caulaincourt.
Kars, La place des Jacobins à Lyon, Fusain, signée et datée 40 en bas à droite
44,5 x 60 cm
Devant la monté de l'antisémitisme, il part se réfugier à Lyon, en zone libre, au début de la Seconde Guerre mondiale. Quand la France entière s'apprête à être occupée, en 1942, il s’exile en Suisse chez sa soeur. Il entretient à cette période une correspondance avec l'artiste Chana Orloff, à laquelle il fait part de son désarroi devant les désastres de la guerre. En 1945, apprenant l’effroyable dessein qui toucha son peuple, il se suicide, en se défenestrant du cinquième étage de l'hôtel où il résidait.
Le fonds de son atelier est vendu aux enchères le 17 juin 1966 au Palais Galliera. En 1983, une importante rétrospective rassemblant 120 oeuvres est présentée au musée d’Art moderne de Troyes.
Autoportrait, 1908, 80x77 cm, Musée de Velvary
Autoportrait, 1909
Autoportrait, 1913
Autoportrait à la cigarette, 1913, huile sur toile, 60.5 x 45 cm